LE POUVOIR DES ARBRES

Un petit degré au-dessus de zéro! Un vent glacé ! Un plafond si gris et si bas qu’un canal, s’il y en avait eu un, s’y serait noyé ! Rien n’invitait réellement à la ballade en ce dernier Dimanche de Novembre. Pourtant une trentaine de personnes ont vaillamment suivi deux passionnés d’arbres sur les hauteurs de Rozérieulles et dans la forêt d’Ancy.

La quête de ces fondus de nature ? Quelques arbres remarquables.

 

Première découverte après quelques centaines de mètres dans les ornières inondées de la forêt du Graoully : un Hêtre présentant une « anastomose ».

L’arbre est soutenu par une monumentale béquille d’un diamètre presque égal au tronc principal et solidarisé à lui à 4 mètres du sol. La chute d’un arbre voisin victime d’un coup de « chablis » venu s’y emboîter, est sans doute à l’origine de ce phénomène constituant une arche végétale impressionnante. C’est Etretat Sous Bois déclarera un compagnon de sentier.

Le cas n’est pas unique dans ces parcelles et les légendes s’ajoutent aux légendes.

 

Lyrique, Gérard, technicien ONF, écrira en 1995 : «  Au début de notre ère, Saint Clément, premier évêque de Metz, avait réussi à terrasser le Graoully … Répandus ça et là par les prédateurs de monstres, les restes de sa dépouille se sont lentement lignifiés, donnant ainsi naissance à de mystérieux arbres qui étonnent les passants, intriguent les scientifiques et donnent encore des frissons aux rêveurs qui les regardent trop longtemps … ».

 

Plus loin, une sorte de banc sans pieds, posé à même le sol, duquel montent deux dossiers démesurés comme si ce hêtre avait voulu préparer pour ses hôtes un siège de roi.

Avant de découvrir le vénérable chêne du lieu, notre forestier nous présente certaines essences rares, parfois très recherchées comme les érables, les merisiers, les alisiers, les frênes, les poiriers sauvages ou les cormiers.

Pour regrouper ces arbres prestigieux et intéresser un plus grand nombre d’acheteurs, les plus belles pièces sont stockées et vendues sur le parc à grumes de Saint Avold.

En 2005, le Syndicat de Gestion Forestière du Val de Metz a présenté 13 pièces vendues 1 700 € / m3 en moyenne.

Une pièce d’érable sycomore de 2 m3 présentant une fibre dite « ondée » a atteint le chiffre record de 14 500 €. Cet érable provenait de la forêt d’Ars sur Moselle.

Ces bois ondés sont convoités par les luthiers qui les utilisent dans certaines parties des violons, violoncelles et contrebasses.

La matinée s’achève sous l’ossature tout à fait exceptionnelle du Hêtre des Batailles ainsi nommé par Pierre Kieffer, botaniste de Metz.

En 1939, l’arbre mesurait 2,50 mètres pour un diamètre de 8 cm. Aujourd’hui, c’est un géant de 22 mètres pourvu d’un tronc de 1,47 de diamètre. Luisantes sous la bruine , certaines branches atteignent un diamètre de 0,80m et même 1,20m et présentent trois formidables points de marcottage dont un à plus de 10 mètres du tronc lui donnant l’allure d’une gigantesque pieuvre végétale veillant sur la Ferme de Moscou toute proche.

Aviez-vous remarqué que les feuilles du hêtre jaunissaient en automne mais ne tombaient qu’à la pousse des suivantes au printemps ? On les dit marcescentes.

14 Heures. Monsieur Lebrun relaie Gérard en tête du cortège pour 2 petites heures autour de la « Pierre qui tourne ».

D’entrée, les promeneurs découvrent la particularité de cette forêt : De nombreux arbres quasi-centenaires présentent de multiples troncs en « cépée ».

Coupés à 1 mètre du sol par les occupants du fort Driant durant la guerre, pour leurs besoins en chauffage et plus encore pour avoir une vue dégagée sur les assaillants, tous ces arbres ont repris leur croissance à partir de rejets. Loupes et hernies donnent naissance à bien des formes curieuses et les marcheurs, pourtant majoritairement familiers de ces endroits vont de surprises en surprises. Après les arbres enlacés et les arbres à bisous, c’est le diable personnifié - ou plutôt lignifié - qui disloque le groupe plus réjoui par cette apparition  « démoniaque » que par le p’tit coup de chablis du matin.

Le jour ne s’est pas vraiment levé aujourd’hui. Il a fait froid. Il a plu. Cependant, souriant, chacun s’accorde à prendre rendez-vous pour une toute prochaine balade avec ces deux-là:

Merci à Gérard LIEGEOIS et à Daniel LEBRUN pour ces deux magnifiques balades!

Photos: Daniel LEBRUN

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Téléchargez ci-dessous quelques histoires forestières :
Célestin
Le Banc du Père Houillon
Le Hêtre des Batailles
Les Anastomoses du Graoully
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